Le travail de nuit ou en horaires décalés a des conséquences négatives sur le cerveau et la santé. Les conséquences ne seraient pas irréversibles : reproduire les conditions de la lumière du jour de nuit et adopter une bonne hygiène de sommeil peuvent sensiblement réduire ces inconvénients du travail de nuit.
Le travail de nuit : néfaste pour le cerveau et la santé
D’après une étude franco-britannique publiée le 3 novembre 2014 dans Occupational and Environmental Medecine, dix ans de travail de nuit ou en horaires décalés font vieillir le cerveau de 6.5 ans de plus que pour une personne ayant des horaires classiques de journée.
Les capacités d’attention, les temps de réactions ont été mesurés et évalués pour une population de personnes travaillant en horaires décalés plus de 50 jours sur une année. Un cinquième de la population étudiée, travaillait avec des rotations horaires alternant des horaires en matinée, l’après-midi ou de nuit.
Cette étude menée par les équipes du docteur Jean-Claude Marquié du CNRS Université de Toulouse, confirme que le travail de nuit ou en horaires décalés affecte les capacités cognitives. D’autres travaux menés par le docteur Claude Gronfier INSERM Lyon ont démontré les effets du travail de nuit sur le rythme circadien et le sommeil. Ces travaux mettent en évidence une fréquence plus élevée, chez les travailleurs postés, de maladies telles que les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, les troubles gastro-intestinaux, les troubles psychiques et également les troubles cognitifs.
Qualité d’éclairage lumière du jour et hygiène de sommeil
Le dossier suggère de mettre en pratique un concept simple mais peu connu pour minorer les effets du travail de nuit ou en horaires décalés : adopter une hygiène du sommeil.
Le principe consiste à adapter la quantité et la qualité de lumière artificielle pendant le travail de nuit, à diminuer l’exposition à la lumière au retour à domicile et à dormir dans des conditions d’obscurité totale. En adoptant cette hygiène de lumière, les personnes travaillant en horaires décalés pourraient plus facilement resynchroniser leur horloge biologique, améliorer leur qualité de vie et préserver leur santé.
L’homme est constitué pour vivre la journée et dormir la nuit
La lumière naturelle régule le rythme circadien : l’éveil, l’attention sont liées à la production d’hormones spécifiques qui est déclenchée grâce aux capteurs de l’oeil sensibles à certaines longueurs d’ondes de la lumière naturelle. De même lorsque la lumière naturelle faiblit ou disparait, le cycle de production de la mélatonine (hormone du sommeil) se met en place et nous assure un sommeil récupérateur. La quantité de mélatonine produite est liée à la quantité de lumière naturelle à laquelle le sujet a été exposé pendant la journée. C’est la raison pour laquelle les travailleurs de nuit, exposés à la lumière artificielle standard, souffrent plus souvent de troubles du sommeil.
Rétablir le cycle naturel en adoptant un éclairage lumière du jour
Imiter la lumière naturelle et ses effets sur l’organisme dans le cadre d’un éclairage artificiel, implique une capacité des ampoules et tubes à reproduire fidèlement les caractéristiques de la lumière naturelle. La lumière du jour couvre de façon constante l’intégralité du spectre des couleurs. L’ensemble des couleurs forment ensemble ce que l’on perçoit comme blanc. L’indice de rendu des couleurs de la lumière naturelle est parfait 100/100. La couleur d’un vêtement bleu foncé est perçue comme telle à la lumière du jour, alors qu’à l’intérieur d’un magasin, on pourrait la percevoir comme noire. Enfin, on parle de température de couleur de la lumière, en Europe de l’Ouest, la température de couleur de la lumière naturelle est de 5500 Kelvin.
En résumé, pour bénéficier « artificiellement » de lumière du jour, il faut :
- Un indice de rendu des couleurs le plus proche possible de 100, au-delà de 90 au minimum.
- Une couverture complète et constante du spectre des couleurs.
- Une température de couleur de 5500 Kelvin.
Bibliographie et sources :